La gauche, la droite, pas une raison pour se faire mal !

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À la base, le travail du journaliste est de relayer l’information et susciter des débats dans notre société. Le journaliste ne devrait jamais créer de l’information. Il doit plutôt rapporter l’information et les faits en se basant sur des recherches crédibles ou en transmettant les confidences d’un individu sur un sujet en particulier, et ce avec justesse, éthique et intégrité. De son côté, le chroniqueur peut se baser sur des histoires personnelles, sur son intuition, sur ses émotions et ses constatations. Le chroniqueur peut « créer » de l’information et des créateurs d’information, il y en a des tonnes au Québec.

Personnellement, je ne suis pas journaliste. Comme mes semblables, j’écris ce qui me passe par la tête. De nos jours, avec les réseaux sociaux, il est de plus en plus difficile pour l’audience de discerner le journalisme du texte d’opinion. Un gros melting pot d’informations. En passant par les textes satiriques et les fausses nouvelles, ce n’est pas facile pour le lecteur de s’y retrouver. La naissance de la désinformation est un phénomène inquiétant. Le chroniqueur commence à prendre beaucoup de place dans les débats publics. Certaines personnes en particulier, inutile de nommer des noms. Les  différents médias influencent la politique, le comportement humain, la cohabitation (le vivre en société) et différents concepts sociaux. Nous vivons dans une époque remplie de sophismes, de rhétorique, d’amalgames et de démagogie. Il faut l’admettre, plusieurs chroniqueurs influents sont en fait des politiciens déguisés avec un impact réel sur la société, le résultat des élections et l’opinion des gens. Les chroniqueurs n’ont pas de compte à rendre, ils n’ont pas à s’assujettir à l’éthique journalistique. Je crois sincèrement que certains rédacteurs ont plus de pouvoir qu’une panoplie de députés à l’Assemblée nationale. Un texte coup de poing peut rejoindre des dizaines de milliers de personnes à la veille des élections.

Le chroniqueur peut dire presque n’importe quoi sur les ondes d’une radio poubelle, sans problèmes, tant que les cotes d’écoute amènent de l’eau au moulin. Évidemment, il ne faut pas faire d’amalgames, certains médias font preuve d’une meilleure éthique que d’autres. Lorsqu’un blogueur ou un chroniqueur fait une bourde dans un quotidien populaire, l’entreprise se défend souvent en disant : « c’est un texte d’opinion, c’est un blogueur, il n’est pas assujetti à l’éthique journalistique. » À mes yeux, c’est de la déresponsabilisation, un grave problème dans l’univers médiatique québécois.

Si les blogueurs et les chroniqueurs peuvent écrire n’importe quoi ou presque, quelle est la responsabilité du journal, du télé-diffuseur ou de la radio ? Vraisemblablement, il n’y en a pas. Certains éditeurs ou rédacteurs en chef prennent cette responsabilité au sérieux. D’autres s’en fiche complètement. Pour certains, le fric est roi, les tribunes et les blogues sont offerts aux meilleurs vendeurs, sans considération pour la morale ou pour l’éthique.
Il faut le rappeler, les médias sont des entreprises privées en concurrence avec d’autres entreprises privées. La stratégie est la suivante : s’approprier une certaine audience, de gauche ou de droite, pour vendre de la publicité à un marché cible.

J’ai bien peur que dans ce monde ultra accéléré, à l’ère des réseaux sociaux, où on lit dix nouvelles en rafales, le temps d’un café, bien des gens n’arrivent pas à penser par eux-mêmes, souvent par manque de temps. Quelqu’un m’a déjà dit: «je n’ai pas le temps pour suivre la politique, faque je me fis à ce que tu dis.» J’avais un goût très amer dans la bouche. Je crois que le travail du journaliste, est plus que jamais nécessaire pour la démocratie. Il est trop facile de s’accrocher et s’arrêter aux textes d’un chroniqueur qu’on aime et suivre ses opinions, sans contrepoids, sans argumenter et sans faire nos propres recherches. Il est courant d’acquiescer aux opinions des autres sans pousser nos recherches personnelles. Les jeunes lient beaucoup moins de livres qu’avant, la lecture est maintenant remplacée par des articles sur internet. C’est une grande responsabilité. La grande majorité des gens partagent des articles, sans les lire, c’est ce que révélait l’étude analytique de Hubspot, des spécialistes en réseaux sociaux. Pour plusieurs, l’image et le titre, c’est suffisant. Selon une autre étude de Chartbeat et Slate, près de 50% des lecteurs (des partageux) ne lisent pas le texte ou seulement deux ou trois lignes. C’est un phénomène inquiétant.

N’importe qui avec un certain talent pour l’écriture et une capacité d’analyse peut donner son point de vue sur des conflits ou des enjeux sociaux. Personnellement, je ne suis pas journaliste, je ne suis pas chroniqueur non plus, je suis blogueur, tout en bas de la hiérarchie des bien-pensants. Je m’inclus là-dedans, je m’assume, moi aussi, j’aime être lu et j’aime susciter des débats. Pourtant j’essaie toujours de faire preuve d’une certaine éthique, d’écouter la droite et la gauche, de ne pas m’arrêter à des conclusions spontanées.

Cette division entre la gauche et la droite, parlons-en !

Je suis venu à la conclusion que certains chroniqueurs ne veulent plus réfléchir, ils sont couchés sur leurs idéologies, contre la gauche ou la droite à tout prix. Ce n’est plus une question d’intégrité intellectuelle et de sens, c’est une question d’ego et de sentiment d’appartenance à une famille de pensée. C’est surement cette idée qui a poussé Éric Duhaime à écrire La SAQ pousse le bouchon

Il faudrait s’adresser à une certaine audience ou s’auto-censurer, sans jamais dévier de nos idées, pour ne pas déplaire, pour ne pas perdre des fidèles. Il faudrait arrêter de creuser nos méninges et toujours écrire la même chose avec des mots différents. Tout pour vendre des journaux. Il n’y a plus de place au dialogue et au juste milieu. D’un côté la gauche, d’un coté la droite. Et on s’engueule! L’Homme n’arrivera jamais à cohabiter sur une seule planète. On me traite souvent de gauchiste, pourtant je ne crois pas avoir le courage de la gauche. J’admire la gauche ! C’est une grande vertu, viser l’excellence, toujours et encore. L’indignation, l’amertume du matin au soir. C’est épuisant ! Que fait l’homme après tant de travail ? Il s’assoit, il se repose. Il ne veut surtout pas recommencer sa réflexion. Chaque sujet est déjà étudié par les différents bien-pensants, les porte-flambeaux, les élus moraux, dans toutes les sphères de la société. C’est beaucoup de travail la gauche. Pourtant, je méprise la droite, les possédants immoraux en VUS de l’année, la médiocrité, la domination de son prochain. L’homme veut imposer ses croyances aux autres, l’homme ne vit pas dans l’adversité, il ne discute pas avec ses ennemis.

Fabrice Luchini disait : « Je déteste la droite avec autant de passion que je hais la gauche ! » Le bien commun. D’accord ! Mais tout le monde à vélo, pas d’exceptions ! L’arrogance, l’orgueil et la soif de pouvoir restent des caractéristiques bien présentes dans notre société. L’homme de droite veut être plus riche que les autres, l’homme de gauche veut être plus intelligent que les autres. L’orgueil. L’homme de droite se croit plus riche et plus important, l’homme de gauche se croit plus malin. L’Homme ne changera jamais. Je suis certain d’une chose, l’avenir nous réserve de grandes surprises. Le retour du communisme contre l’extrême-droite, pourquoi pas ? À entendre certains chroniqueurs de droite, Mao et Staline jouent à la pétanque au parc Lafontaine.

Avec toute cette division, ce négativisme et ces débats dans les médias, je comprends mieux les gens qui se contentent du quotidien. Je pense à cette femme qui arrose ses plantes toute la journée. Comme disait Louis-Ferdinand Céline. « Viser bas, c’est viser juste. » Sa maxime préférée. Cette phrase prend tout son sens aujourd’hui. Je me reconnais de moins en moins dans la doxa, ce sentiment d’appartenance à la pensée commune. Ces réponses spontanées à toutes les questions du monde, pré-écrites, ces mots qui appartiennent aux autres, qu’on s’approprie le temps d’un débat.

Je me méfie des gens arrêtés sur leurs positions, à gauche, comme à droite, est-ce vraiment une déroute intellectuelle que de changer d’avis. Est-il possible de changer son crayon d’épaule ? Elles naissent de là les idéologies. Est-ce possible de progresser et d’évoluer au gré du temps ? Sommes-nous vraiment destinés à vivre dans un carcan idéologique et écouter toujours les mêmes chroniqueurs répéter les mêmes choses dans une syntaxe différente ? Je regarde les Américains vénérer leurs amendements passés en 1791, j’aperçois les islamistes radicaux, les musulmans, les catholiques, les fondamentalistes et les nationalistes du coin de l’œil. Non, je ne fais pas confiance à l’humanité.

Enfin, il est là le danger de l’intellectualisme : la pensée commune, le sentiment d’appartenance à la doxa. Tous ces sujets tabous, qu’on ne doit jamais rouvrir, ces réponses du passé, verrouillées à clef. Ces drames expliqués dans un glossaire. Il faut toujours avoir le même ton, le même point de vue et prêcher pour sa paroisse. C’est comme ça. J’en ai la certitude maintenant, à gauche comme à droite, il est facile d’arrêter de penser. Viser bas, c’est viser juste.

 

1 Commentaire

  1. Je me méfie moi aussi des idées fixes tirées des bréviaires. On ne pense plus lorsque l’on adhère à une doctrine: on abdique sa souveraineté intellectuelle. Voilà pourquoi les blogues sont encore si nécessaires pour animer une authentique vie de l’esprit dans la communauté.

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