Réaction au texte de Mathieu Bock-Côté, publié dans le Journal de Montréal.
« Islamisme. La première chose à faire est de le nommer, contrairement à ce que font de nombreux commentateurs, qui préfèrent parler du terrorisme en soi en termes vaporeux. » – Mathieu Bock Côté, de descendance française, gaulliste, pure laine.
Ne pas utiliser le terme islamisme, c’est vaporeux ? Pourquoi ? Les autres termes ne prêtent pas suffisamment à confusion ? Ces mots ne mettent pas assez en valeur l’amalgame que vous tentez de faire à tour de bras entre les musulmans et les islamistes ? C’est quand même cocasse, le mot amalgame provient de l’arabe, ‘amal al-djamā.
Il y a une raison pourquoi certains commentateurs n’utilisent pas le mot islamisme. Ce mot est complexe. Ce mot est sophistiqué. Marine Le Pen l’adore, elle l’a utilisé dix-sept fois dans son discours, hier matin. Sa nièce, sa progéniture idéologique, cette jeune femme qui n’arrive pas à penser par elle-même, Marion Maréchal-Le Pen, l’a utilisée sept fois en moins de trois minutes. Ce mot. Dans toute sa haine et son ignorance, Marion, 22 ans, fait l’apologie de la dangerosité sociale. Fermer la porte aux musulmans. Quelle connerie.
Il y a une raison pourquoi les démagogues utilisent ce terme dans tous leurs discours, répétitivement. Islamisme. Non pas parce que le foutu mot est inexact, bien que son étymologie est discutable et que son origine est fallacieuse. Ce mot porte à confusion. C’est connu, bien des gens confondent les mots: musulman, islam et islamiste. C’est voulu. L’exercice pour la droite nationaliste est de le répéter assez souvent pour qu’il devienne qu’un, une fusion, un amalgame, un précieux mot. Le plus souvent possible. Islamisme. Islamisme. Islamisme. Une chance qu’il y a des verbes, des pronoms et des adjectifs, les discours seraient étranges.
Bref, les lapsus sont fréquents. Même ma mère n’y arrive pas, les collègues, les pures laines, hier encore ma voisine. « Les Arabes radicaux » les quoi ? « Ben oui là, les islatistes. » Misère. Le pouvoir du langage, la langue fourchue, l’importance des mots ! MBC, vous le savez trop bien, vous et les Le Pen, les Trump de ce monde. Les gens ont de la difficulté à dissocier l’islam de l’islamisme. Toute opportunité de rectifier les faits, d’éviter les amalgames est digne d’un sociologue ! Allez, éduquer le peuple de toute votre virulente salive ! Au moins, vous nous sortez une fois de temps en temps, « les islamistes radicaux. » Ha, voilà ! Tout n’est pas perdu. La complexité du mot islamisme est étudiée depuis plusieurs siècles, en Europe, au Moyen-Orient et même chez nous, par Perspective Monde de l’Université de Sherbrooke. Des journaux français en font souvent des papiers : quelle est la différence entre un musulman et un islamiste ? C’est chiant. On est rendu là. Le média citoyen nous le répétait en 2006 ! Islam et islamiste: attention aux amalgames !
Vous voulez d’autres raisons pour utiliser des termes vaporeux ? Ne serait-ce seulement parce que ce mot a été réapproprié par des idéologues et réutilisé ensuite par l’Occident, par George W Bush et compagnie ? Christianisme. Christianiste ? Pourquoi ne parlons-nous jamais de christianistes, lorsque des fanatiques chrétiens commentent des attentats terroristes, partout sur la planète ? La question se pose.
C’est pour cette raison en particulier que bien des intellectuels, bien des sociologues évitent de parler d’islamisme. Par simple respect. Par simple retenue. Pour éviter les amalgames. Vous posez vraiment la question ? Je ne peux pas croire qu’un chroniqueur possédant un doctorat en sociologie s’abaisse à ce genre de questionnement.
Encore un coup des Suédois
« Encore un coup des Suédois ! Allez, avouez-le, vous vous êtes dit cela jeudi en apprenant le terrible attentat de Nice. À moins que vous n’ayez suivi l’autre piste : la néo-zélandaise. On le sait : les Néo-Zélandais multiplient les attentats-suicides, n’est-ce pas ? »
Bien là, je suis tombé en bas de ma chaise. Un autre grand sophisme de Mathieu Bock Côté. Cette fois-ci, d’une arrogance inouïe. Sérieusement, vous sous-entendez que les attentats-suicides sont causés par des pays ? Ces attentats-suicides seraient la conséquence d’une décision prise par un État. Lequel ?
Vous visez un pays « islamiste » en particulier Mathieu Bock Côté ? Je n’en connais pas.
Vous visez un pays à forte concentration musulmane ? Lequel, le Liban, l’Indonésie, l’Inde ? Vous le savez, en Inde et en Indonésie il y a un demi-milliard de musulmans, plus que dans tous les pays du Moyen-Orient. Vous pouvez me nommer plusieurs membres de Daech qui viennent de l’Inde et de l’Indonésie ? Alors, de quel pays ?
Mathieu Bock-Côté, ce n’est pas digne d’un chargé de cours, ce n’est pas digne d’un homme avec un doctorat en sociologie. Pourquoi déformez-vous les faits, pourquoi ne faites-vous pas honneur au décorum universitaire ? C’est pour plaire à vos lecteurs ? Je trouve ça immonde. Disons le, votre papier Encore un coup des Suédois, c’est un vrai torchon.
Associer le terrorisme de daech à un pays musulman, prétendre que c’est l’œuvre d’un État en particulier, c’est d’une démagogie médiocre. Je ne peux pas croire qu’il est possible de tomber aussi bas. Eh bien oui, en continuant ma lecture, vous y êtes arrivé.
« L’islam radical progresse dans les banlieues islamisées françaises et suscite des vocations au djihad. En un mot, le terreau du terrorisme est fertile en Europe. Il faut l’assécher. »
Des banlieues islamisées ? Combien pouvez-vous me nommer d’islamistes en France sur 5 millions de musulmans ? Une cinquantaine, si vous les trouvez ? Fertile en Europe. Vous parlez comme s’ils étaient des milliers. Partout dans les rues, en arrière des buissons. Comment voulez-vous assécher l’islam radical ? Quelles sont vos propositions ? Ceux de Le Pen ?
« C’est plus facile à dire qu’à faire. Parmi mille choses, cela implique de lutter contre ceux qui fanatisent une frange minoritaire significative de la jeunesse musulmane et qui cultivent chez elle la haine de la France. »
Mais comment ! Arrêtez de répéter la même chose sans proposer de solutions. Lutter contre ceux qui fanatisent une frange minoritaire significative de la jeunesse musulmane et qui cultive chez la haine de la France ? Mais de qui parlez-vous, encore une fois, des gens en France ? Sachant que ces terroristes interagissent souvent par internet, qu’ils viennent de partout sur la planète. Comment luttons-nous contre un spectre ? Contre la haine , contre les messages haineux, transmis par Daech sur internet ? En suivant les conseils du Front National ? J’en doute. Ternir la réputation de cinq millions de musulmans et des citoyens avec une deuxième nationalité, pour une centaine de radicaux dans le pays ? Un plan de malade.
Enfin, laissez-moi vous le répéter. L’islamisme radical, le terrorisme, il n’a rien à voir avec l’islam et les musulmans. Prend le temps de boire ta salive quand tu parles, ça coule.
Larousse.fr
Islamisme
- Désigne, depuis les années 1970, un courant de l’islam faisant de la charia la source unique du droit et du fonctionnement de la société dans l’objectif d’instaurer un État musulman régi par les religieux.
Islam
- Religion des musulmans, de ceux qui adhèrent au message de Mahomet. Ensemble des peuples qui professent cette religion (s’écrit alors Islam).
ll est vrai que ce texte viens de musulmans français. Par contre je crois qu’eux comprennent mieux que vous les termes islam, islamiste ou islamisme.
Toujours un plaisir de vous lire. Cela transcende les raccourcis idéologiques et la raison résonnante. Merci de ne pas hurler avec les loups.