J’ai une confidence à vous faire. Depuis que je suis tout jeune, j’ai des troubles d’adaptation, de l’anxiété, de l’angoisse passagère. Un différent psychiatre, un différent diagnostic. Heureusement, ce n’est pas chronique. Je pense qu’on vit tous avec ça, un peu, à notre manière. Il faut noyer le mal dans l’humour. Il faut tuer le père. «Fait des blagues!», «Si tu as une crise d’anxiété, fait rire les gens!» C’est ce que le dernier psy m’avait dit. «Heye le cave, quand j’ai le cœur dans gorge, mon sac à blague, je l’ai dans le cul.» Il ne l’a pas trouvé drôle. J’allais beaucoup mieux. Bref. Il y a différentes façons d’extérioriser l’angoisse. L’isolement. La colère. L’écriture. Méditer. Respirer. Je me dis que le tueur à Nice, le Franco-Tunisien, il n’avait surement pas ce luxe lui. Extérioriser ou consulter un psychiatre. Ce luxe là, ça ne s’achète pas avec de l’argent, ça s’achète avec de l’amour.
Parfois, la nuit, comme en ce moment, je ressens tout le poids de la société sur mes épaules. C’est ce qui me pousse à me lever à 4 h 43 pour écrire quelques lignes. Tu vas où bébé? Fais dodo, je reviens tantôt. OK. Elle se rendort, je retourne dans mon bureau. Je ne le vous cacherai pas, des événements comme l’attentat à Nice, ça m’affecte toujours. C’est comme les tremblements de terre, ça réveille l’homme mort en moi. J’ai le goût d’écrire, je tourne en rond dans mon lit, incapable d’arrêter de penser. C’est maladif. Il faut dire qui fait chaud en tabarnac. Ça non plus, ça n’aide pas.
Je n’ai jamais compris pourquoi, elle était là cette pesanteur, cette peur. La société ? Peut-être. Ça me rappelle la fois où j’ai perdu mon chien, il faisait des crises d’épilepsie, on le serrait dans des couvertes, puis on le collait près de nous pour le rassurer. Le temps que ça passe. Mais ça coûte cher un chien malade. Ma mère payait déjà pour le collège privé, le père n’était pas là, on a dû se débarrasser du chien. Chaque crise, j’avais peur qu’il meurt dans mes bras. On a fini par le piquer, faute d’argent, il était trop malade. Trop cher le vétérinaire, les médicaments. «On achètera un chat les enfants.»
Je me suis souvent senti comme ce chien, sauf que moi, ce serait bizarre qu’on m’enveloppe dans des couvertes pour me rassurer. Ça fait longtemps que je n’ai pas souffert de ces problèmes, plusieurs mois même. J’ai consulté, ça fait du bien. Parfois, on devient tellement cynique devant l’absurdité de la vie, qu’on ne ressent plus rien.
Mes dernières crises d’anxiété sérieuses remontent à mon travail de répartiteur, pour la police. Téléphoniste au 911, toute une carrière pour un écrivain fraichement revenu de Fort McMurray. J’étais l’oreille des plus démunis, ça me faisait du bien. Tel-Drames. «911 Bonjour» je me rappelle encore, un appel anodin, un itinérant dans un Tim Horton en plein hiver, il venait se coucher sur un banc pour se réchauffer. L’anxiété. Je n’ai jamais été capable de lire les quelques lignes sur mon moniteur. Après trois phrases, j’ai fondu en larmes. Ma tête dans les mains. Anéanti. Les gens autour de moi étaient endormis, personne s’en ai rendu compte. J’ai demandé un remplacement au boss qui jouait à Tetris sur son ordinateur. Je suis allez aux toilettes pour me pitcher de l’eau froide dans face devant le miroir. Pour que personne remarque mon état d’esprit. Fatigué. La gorge nouée, le cœur qui palpite. En temps supplémentaire, à 4 heures du matin. Juste après les appels de violence conjugale, les bars et les facultés affaiblies. Ce n’est pas cet appel en particulier qui m’a étranglé, c’était un appel très banal. C’est l’accumulation, la négativité, quarante heures semaine, dans mon casque d’écoute. Une prison pour le cerveau humain. Quelques semaines avant l’appel du Tim, une policière blessée par balle, une nuit d’enfer. Deux jours avant, un homme en panique avait tiré dans les deux lits de ses enfants, au sous-sol. Ils n’étaient plus là. Je me rappelle de toutes ces histoires, le fils qui décroche son père, la mère qui appelle pour sa fille suite à une tentative de suicide. L’homme violent. La dame âgée. Seule. Je me rappelle aussi des pauvres, tellement pauvres, qu’ils t’appellent la nuit pour te jaser. Nos clients réguliers, c’est ce qu’on disait.
Je me suis toujours demandé si elle venait de là ma sensibilité, ma compassion pour les plus faibles, mon anxiété. Puis y’a mon chat qui vient me donner des coups de tête et ma blonde qui va pisser avant de se lever pour allez travailler. Tout redevient normal, chaque fois. Ça me fait rire. La vie est belle. Ma soeur est sur le bord d’accoucher !
Bonne journée, les amis, c’est vendredi. Bières pour tout le monde, c’est ma tournée! Je retourne me coucher.
Tu sais JF Hotte je ne te connais pas sauf à travers tes commentaires sur ton mur et ta merveilleuse sortie concernant FMc. Mais tu sais et ce n’est pas racoleur F a ça de pertinent qu’il met en contact des personnes et grise ! Je suis content de te lire. Je vais te dire pourquoi plus tard, parce que JD Marois dois vaquer à quelques occupations basiques, écrire un peu et aller au boulot. Si je veut terminer cet essai j’ai besoin de fric… bon à plus !
Merci !
Tu es l’angoissé le plus adorable que je connaisse!!! Respect mon JF!!!
La vie est si dure quand on est pas soi-m^me un méchant .
J ‘ te dis m^me pas comme ici en France comme ça nous trahine cette histoire de Nice – Toute cette histoire avec les arabes , c ‘ est complexe – ça risque de mal finir –
Moi , je suis un vrai gentil – Ce qui me soulage du poids de toute cette violence à tous les niveaux , c ‘ est de croiser d ‘ autres vrais gentils –
https://www.youtube.com/watch?v=N7sj6hjvUMM
amicalement
Parfois, on devient tellement cynique devant l’absurdité de la vie, qu’on ne ressent plus rien. j adore cette phrase bravo .