Aïd el-Fitr, c’est comme Noël pour vous !

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Wow ! C’est quoi toute cette bouffe ? On a déjà fait l’épicerie, hier. C’est pour la fin du ramadan ?

Oui, aujourd’hui, c’est l’Aïd-el-Fitr, est-ce que je t’ai raconté ce qu’on fait traditionnellement pour célébrer ?

Non. L’an passé ? Un peu. Je ne m’en rappelle pas. 

Quand j’étais petite, mon papa me réveillait, juste moi, parce que je suis la seule fille qui allait célébrer avec les hommes. J’adorais allez au village, c’est comme quand on va chez tes grands-parents.

J’étais toujours la seule fille qui allait avec mes oncles, avec mon père. C’est comme Noël pour vous autres! Mon papa venait me réveiller, il me disait : allez, allez! Réveille-toi! Et moi je capotais, je me mettais à courir partout pour m’habiller et me préparer. On se levait le matin, pour allez prier. Tout le monde était souriant.

Et puis, on se rendait au cimetière, dans le village, loin des centres-ville, loin de Beirut et Tripoli. Il fallait ne rien amener avec nous. C’est la tradition, il faut tout laisser derrière, les erreurs de nos vies, nos possessions. Ensuite, on récite des passages du Coran, un passage en particulier, le Sourate Ya Sin. Comme un peu, vous autres quand vous allez à la messe de Noël et le prêtre lit des passages de la Bible.

– Tu n’as pas besoin de te justifier, je comprends.

– Moi, je ne mettais rien sur ma tête, je suis «normal».

–  Pourquoi tu dis : «normal» les femmes voilées ne sont pas normal ?

Bien, tu le sais là, les Québécois, c’est ce qu’ils disent aux musulmanes. Ma mère se voile pour prier, c’est la femme la plus libre au monde. Si je mettais mon voile ici, je me ferais juger. Arrête de me poser des questions, je te raconte mon histoire !

«OK, vas-y!»

J’étais petite, on mettait des arrangements floraux sur les tombes et on nourrissait les plantes avec de l’eau. C’est le recommencement de la vie. Puis on allait manger, la plupart du temps, chez mon oncle, l’ainé de la famille. On achetait un mouton pour le tuer !

– Ha, ça tu vois, nous on fait pas ça à Noël.

–  Maudit que t’es con !

Un gros mouton, assez de bouffe pour toutes les familles du village, on en donnait aux pauvres. Quand le sang coulait, il fallait sauter par-dessus le mouton, c’est pour la fertilité de la vie, c’est un peu bizarre.

–  OK, c’est comme un gros Méchoui.

–  Hein ?

–  Continue.

Ensuite,  je retournais à la maison rejoindre ma sœur et mon frère. Avec ma mère, nous allions acheter à manger pour toute la famille. L’Aïd, c’est une récompense, après les difficultés et sacrifices du ramadan, les gens sont fatigués. On achète des bijoux, des beaux vêtements, on va se faire couper les cheveux, les femmes se mettent belles, elles font des festins pour célébrer : des boulettes de viande, des piments, du taboulé. Après, une fois la nuit tombée, on fume de la shisha, la shisha turque. «Parce que c’est BS si on fume de la shisha sucrée.»

Ensuite, une fois que j’ai rencontré tous mes oncles, on va encore manger, des desserts farcis aux amandes, aux dattes, des pâtisseries, à la poudre sucrée. Des Maamouls, j’en ai acheté, tu pourras gouter. Et quand nous étions petits, nos oncles nous donnaient beaucoup d’argent, c’est comme Noël pour nous. Un jour, j’avais cinq ans, j’ai fait 500 $ et je l’ai donné à ma mère! J’étais trop petite. C’est trois jours comme ça, c’est pour ça que j’ai acheté du taboulé et des pâtisseries chez Adonis, bon appétit!

– Ha ha. Je t’aime.

– Heye! Tu ne peux pas publier ça sur ton blogue là, les Québécois vont capoter si tu parles de ça.

–  Inquiète-toi pas, c’est comme un conte de Noël. EÏd Mubarak !

– Comment ça, tu sais qu’il faut dire ça ?

– Ha. Justin Trudeau a dit ça à la télévision.

– Il a dit ça ? Je l’aime lui.

– Ouin.

– Tu ne trouves pas ça bizarre ? Le monde au bureau me regardait croche quand je parlais de ça avec mon amie.

–  Ce n’est pas important ce qu’ils pensent.

4 Commentaires

  1. Les belles traditions dans l’amour pour les autres c’est parfait. Il faut absolument un monde meilleur pour nos enfants car ce sont les anges de l’humanité!! Ils ne sont pas faits pour souffrir, mais pour jouer, rire, courir, danser. Personne n’a le droit de faire souffrir des enfants car ils sont sacrés..

  2. Continues Jean-francois, c’est intéressant ce que tu écris.

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  3. Continue, je savais bien que ca ne prend pas de s. Làche pas.

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