«Pourquoi on décide de l’inviter?» a demandé France Beaudoin à Tout le monde en parle, dimanche dernier. Suite à l’annonce de Gab Roy comme invité, Mme. Beaudoin, prit la parole au nom des milliers d’internautes qui avaient la même question. Guy A. Lepage a répondu mollement « cent mille personnes qui ont lu la lettre, cent mille personnes qui suivent les pages, grosse popularité, gros phénomène sur les réseaux sociaux, il a beaucoup de visiteurs sur son site web». Un peu plus tard, le célèbre animateur ajouta que c’était pour susciter ce genre de débat et comprendre le phénomène. Qu’est-ce qu’un gros phénomène? Est-ce un vlogeur qui gagne au mieux 50,000$ annuellement en créant des scandales, en diffamant les gens, en disant n’importe quoi devant un public peu recommandable ou encore des adolescents, des élèves du secondaire? Du moins, c’est ce que rapportent les analyses démographiques de son site web. Les compagnies publicitaires souhaitent rejoindre son public. Le Voir semble vouloir, lui aussi, rejoindre son public. C’est vrai, Gab Roy est doué dans ce qu’il fait. Hélas, il gagne sa vie d’une façon peu édifiante. Le nombre de visiteurs est phénoménal, certes, les gens qui constituent ce nombre, pas tellement.
Hypocritement, pendant l’entrevue à TLMEP, on reproche à Gab Roy et à Simon Jodoin d’avoir donné la parole à Dominic Pelletier sur le site web trouble.voir.ca. Un homme peu connu, raciste, néo-nazi, misogyne, name it. Dans les deux cas, soyons honnêtes, Gab Roy et Dominic Pelletier ont été invités sur leurs plateformes respectives pour les mêmes raisons. Le scandale, l’imbécillité, la controverse et le trash font vendre. TLMEP a donné une plateforme à Gab Roy parce que la controverse qui l’entoure est génératrice de téléspectateurs. Tels des cadis, les panélistes de l’émission ont fait son procès médiatique. Vous l’attendiez, il le méritait, il rêvait de jouer dans la cour des grands, il a fait face à la musique. Voilà. Quant-à-moi, l’entrevue avec Dominic Pelletier n’était pas si dérangeante; on laisse parler un homme dérangé comme l’aurait fait VICE aux États-Unis. C’est plutôt l’œuvre de Gab Roy qui me répugne.
Certainement, les vlogeurs du far web sont des phénomènes dans leur genre. Plus on leur donne de l’attention, plus ils aiment ça! Ils carburent aux scandales et aux controverses. Ça frôle le trouble de la personnalité. Tout de même, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Certains vlogeurs ont du contenu intéressant, mais on dirait que plus c’est pertinent, moins c’est payant! Les articles sur la fonte glaciale, la gérontologie ou la cueillette de café au Kenya ne semblent pas être très populaires. À qui la faute? Oui, le nombre, les clics rapportent des revenus réels. C’est plus facile de niveler par le bas. C’est la même formule aux États-Unis, au Japon, à TVA, à Tout le monde en parle, sur Youtube, sur trouble.voir.ca et au far web. Une entreprise veut générer des revenus. Par contre, lorsqu’on décide de publier ou de diffuser ce « genre de contenu », il y a des responsabilités, il faut assumer la critique. Lorsqu’on engendre des revenus publicitaires directs ou indirects en s’associant à « ce genre de contenu », il faut endosser la critique.
Trouble.voir.ca
Les Richard Martineau, Jeff Fillion, Doc Mailloux, Stéphane Gendron, Mike Ward, Gilles Proulx, Éric Duhaime et Denis Lévesque de ce monde ont aussi des patrons qui veulent faire de l’argent. Eh oui, j’ai révélé le secret du succès des médias populaires! Évidemment, le Voir n’a jamais eu la réputation de présenter de tels chroniqueurs. Par ailleurs, TLMEP s’est rarement mis dans l’embarras. À mon avis, Simon Jodoin est loin d’être un bouffon. Rédacteur en chef et directeur du développement des nouveaux médias au Voir, il est assez respecté dans le milieu. Personnellement, j’aime bien ses textes, c’est un homme articulé avec une très belle plume. J’ai encore espoir qu’il retourne un jour à ses vieilles habitudes inintéressantes. À TLMEP, il a mentionné que son boulot consistait à tenir une ligne éditoriale dans ce nouveau projet. Je crois que c’est impossible avec certains de ses vlogeurs. Ce n’est pas du journalisme, il n’y a aucune analyse, il y a peu à faire avec ce « genre de contenu ». Outre le fait d’empêcher les vlogueurs de jurer ou de parler la bouche pleine. Ceci dit, j’ai encore de la misère à accepter qu’il associe le Voir à « eux ». Et ce, même si l’un d’entre eux a déjà été arrêté pour incitation publique à la haine après avoir dit, dans un vlog, qu’il espérait que quelqu’un entre au parlement et tire sur les politiciens. Nous rappelant amèrement la tragédie du Caporal Lortie à l’Assemblée nationale. Ce même vlogeur s’est défendu en disant que c’était de l’humour. Toujours la même excuse. Ce même comique du web a aussi simulé un suicide en se filmant pendu au plafond. Sans aucune considération pour les victimes entourant l’acte. Le résultat était convaincant, le vlogeur a collaboré avec un expert en effets spéciaux pour le réalisme. Mission accomplie, les gens étaient choqués et inquiets. Cette fois-là, il s’est défendu en mentionnant que c’était de l’art, de la comédie, tout en encaissant les revenus publicitaires sur sa page web.
De plus, le rédacteur en chef du Voir s’est aussi associé avec des vlogeurs qui se sont déjà soulés ou qui ont consommé de la drogue devant la caméra. Tout en parlant de plottes, de chars, de pipi et de caca (ce sont leurs mots) et d’autres sujets abjects. Simon Jodoin a lui-même publié sur sa page Facebook un streaming de deux de ses collaborateurs en pleine beuverie, ceux-ci envoyaient chier les internautes en brulant leurs mamelons avec des briquets. Leurs fans étaient jouissifs, plus ils rotaient, plus ils buvaient, plus les fans étaient nombreux. Enfin, il y a eu la lettre de Gab Roy, décrivant un viol, adressée à vous-savez-qui. Comme pour l’autre clown, il s’est excusé, après que le mal soit fait, tout en encaissant les revenus publicitaires. Il y a tellement d’exemples qu’il faudrait trois billets pour les détailler. Il y a tellement de raisons pour que le Voir ne s’associe pas à eux, ça ne prend pas un expert en ressources humaines ou une enquête pour se rendre à l’évidence! Simon Jodoin a le droit d’aimer ce « genre de contenu ». Parfois, moi aussi je regarde ce « genre de contenu ». Mais, punaise! Il faut endosser la critique et il ne faut surtout pas associer tout un journal à un simple projet expérimental.
« Ainsi, nous sommes quasi obligés d’être malhonnête lors de controverse, ou tout du moins légèrement tentés de l’être. De cette façon, la faiblesse de notre intelligence et la perversité de notre volonté se soutiennent mutuellement. » Citation d’Arthur Schopenhauer ; L’Art d’avoir toujours raison – 1830.
Anciennement, certains collaborateurs du trouble.voir.ca ont vu leurs pages Facebook suspendues pour toutes sortes de propos choquants ou haineux, ils ont aussi fait face à la justice. Encore une fois, c’était de l’humour, de l’art trash ou une erreur. Comme disait agilement Jean Barbe « Le droit à l’erreur, c’est comme au baseball: à trois prises, t’es out. Les deux premières fausses balles sont des prises. Après, t’as intérêt à ne pas t’élancer sur n’importe quoi». Dans le cas de Simon Jodoin, je crois qu’on peut dire que c’est sa première prise. Il ne l’avouera jamais, il est trop égocentrique. Pour ce qui est de ses vlogeurs chéris, ils sont rendus à quelques centaines de prises. Et le match semble durer infiniment, les fans mangent du popcorn, les gérants veulent des gros frappeurs, et ce même s’ils sont violents ou sur les stéroïdes. Au diable l’éthique journalistique, ils font vendre! Encourager ces vlogeurs, aux lourds antécédents, en leur offrant une plateforme, jusqu’à présent crédible, c’est encourager le contenu merdique au détriment du contenu pertinent. Il reste simplement à l’avouer.
La défense
Le rédacteur en chef du Voir a écrit de longs textes pour défendre l’utilité du trouble.voir.ca . http://voir.ca/cyberboom/2013/11/13/chercher-le-trouble/ . Il se défend en mentionnant que Gilles Proulx et Mike Ward ont eux aussi tenu des propos inacceptables dans leur carrière. « Et pourtant, que je sache, ces gentlemen ne sont pas privés de tribunes dans les médias. On couvre leurs spectacles, on accepte leurs dollars publicitaires et il ne serait pas exotique de les voir animer un gala ou prendre part à une émission à Radio-Canada ou TVA. » Donc, si eux l’ont fait, le Voir peut le faire aussi, c’est ça l’argument? N’en est plus que ça reste du contenu ordurier et provocateur. Simon Jodoin a écrit plusieurs textes pour se défendre contre une panoplie de critiques dont celle de Marc Cassivi, Jean Barbe, Sophie Durocher, Lise Ravary et Ianik Marcil, pour ne nommer qu’eux. À chaque fois, semble-t-il, tout le monde à tort, Simon a raison. Pourtant, déjà deux vlogeurs ont quitté la plateforme trouble.voir.ca et un chroniqueur compétent a quitté le Voir. Pourquoi tous ces papiers sur le sujet? Pourquoi ce papier? Pourquoi cette entrevue à TLMEP? Je crois, simplement, qu’il est important de ne pas donner de visibilité aux accros du nombre. La qualité et la pertinence du contenu sont déjà assez affectées comme ça.
La tentation du nombre
Il veut dire quoi ce titre? Sur une note plus personnelle, cher Simon Jodoin. C’est quoi le problème? Cherches-tu à changer le public cible du Voir. As-tu vécu une crise de la quarantaine devant le succès de ces jeunes du far web? Je ne te reconnais plus, moi qui avais tant de plaisir à te lire. Mononcle Jodoin, es-tu ébloui devant ces jeunes vulgaires du far web, eux qui génèrent des millions de visites. Tu as passé ta vie à mettre beaucoup d’efforts pour créer du contenu de qualité. C’est si attirant les clics faciles? C’est très dommage pour les collaborateurs du Voir qui ne veulent pas être associés à une « expérience, tout court ». Suite à TLMEP, tu as publié sur ton compte Facebook « Voilà. Régalez-vous. Pour le reste, on avance. Marre de reculer à chaque indignation du tribunal du like. ». Régalez-vous? Tu te régales de cette même farine chaque matin, tu es membre de ce tribunal du like au quotidien. Lorsque tu t’es associé avec eux, tu savais ce que tu faisais. J’espérais que toute cette polémique entourant le Voir, Trouble et Gab Roy, était une bonne leçon pour toi. Hélas, tu sembles être indifférent et condescendant, enfin c’est ce que tu dégages. Maintenant, de grâce, cesse d’utiliser toute sorte de tactiques intellectuelles ratées pour défendre l’indéfendable et justifier l’injustifiable. Du genre « Au-delà des clics, bien avant les profits où le buzz médiatique, ces gens et leurs auditeurs m’intéressent. Grandement. » Tu mens, je ne te crois pas, j’ai trop lu tes articles pour que tu sois intéressé par ces gens. Grandement. Gab Roy a mentionné qu’il doit payer son loyer, est-ce la même chose pour toi? Tu as décidé de t’associer à ce « genre de contenu », pour les clics, maintenant assume.
« Un homme est bien fort quand il s’avoue sa faute. » Citation d’Honoré de Balzac ; La peau de chagrin – 1831.
J’espère que le reste du contenu sera mieux. Cette bande-annonce me semble un bon début! À suivre.
http://trouble.voir.ca/vivre-en-marge/vivre-en-marge-la-bande-annonce/
Je ne vois pas en quoi le niveau de revenu de ce monsieur peut ajouter quoi que ce soit à votre argumentation; qu’il travaille bénévolement ou pour des millions, ça change quoi à sa pertinence?? Je me méfie pas mal plus des textes en provenance d’auteurs « commandités » qui s’en mettent plein les pochent à remâcher les textes des autres, ceux qui ont osé.
Bonjor Patrick, la phrase est construire pour répondre à la question qui est posée. Pourquoi un gros phénomène?
Est-ce l’argent? Semble-t-il que non. Les visites? La qualité du contenu…
Je crois que c’est pertinent pour les lecteurs qui ne connaissent pas le milieu du vlog ou le personnage.
Peut-être pas pour toi.
Bonne journée!
Moi je vois très bien le rapport,On se fout de combien, soit, mais le gars il dit des conneries, pleins de fan à l’humour scatologique enfantin cliquent pour voir le billet sur son site, il empoche les revenus générés par la pub et l’affluence sur son site, s’excuse prétextant la « démarche artistique et humoristique » et il recommence, tenté par les revenus potentiels.
Donc oui c’est pertinent de savoir que l’argent et non l’art est à la base de sa « démarche ».
Ça ressemble à ce que je pense Phil. 😉